mercredi 1 mars 2017

Águas de Março ...





















Tandis qu’à leurs œuvres perverses  
Les hommes courent haletants  
Mars qui rit, malgré les averses  
Prépare en secret le printemps. 

Pour les petites pâquerettes, 

Sournoisement lorsque tout dort 
Il repasse des collerettes 
Et cisèle des boutons d’or. 












Dans le verger et dans la vigne 
Il s’en va, furtif perruquier 
Avec une houppe de cygne 
Poudrer à frimas l’amandier. 

La nature au lit se repose 
Lui descend au jardin désert 
Et lace les boutons de rose 
Dans leur corset de velours vert. 


Tout en composant des solfèges 
Qu’aux merles il siffle à mi-voix 
Il sème aux prés les perce-neiges 
Et les violettes aux bois. 


Sur le cresson de la fontaine 
Où le cerf boit, l’oreille au guet 
De sa main cachée il égrène 
Les grelots d’argent du muguet








Sous l’herbe, pour que tu la cueilles 

Il met la fraise au teint vermeil 
Et te tresse un chapeau de feuilles 
Pour te garantir du soleil. 

Puis, lorsque sa besogne est faite

Et que son règne va finir 
Au seuil d’avril tournant la tête 
Il dit : "Printemps, tu peux venir !








Théophile Gautier " premier sourire du printemps " 


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