Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D'une paupière à demi close
Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand'peine
La force d'un si grand plaisir
Puis quand on s'approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne
Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent
Eventent mes douces ardeurs

Il me semble être assis à table
Avec les Dieux tant je suis heureux
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable
Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain,prendre ou me laisse
Pourquoi me permets-tu maîtresse
Qu'encore le plus grand, soit mien ?

As-tu peur que la jouissance
D'un si grand heur me fasse dieu ?
Et que sans toi je vole au lieu
Belle n'aie peur de cela
Partout où sera ta demeure
Mon ciel, jusqu'à temps que je meure
Et mon paradis sera là.
Joachim du Bellay " Baiser"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires sont modérés. Merci pour votre compréhension !